Cie FEARLESS RABBITS

C’est le troisième projet que je mène dans lequel j’interroge les mécanismes mémoriels.
Avec R.L.M., j’ai créé une oeuvre catharsis, hommage aux victimes des attentats de 2015, prenant la forme d’une sculpture vivante. Un mémorial où se recueillir, ensemble, autrement.
Dans 1/7, j’interroge, dans l’écriture, le mécanisme du déni et de l’altération mémorielle en lien avec des traumatismes, des violences faites aux femmes.
Ici, je souhaite mettre en valeur, par la mise en scène de la pathologie d’Alzheimer, l’altération mémorielle et physique, inéluctable.
Cet effacement total, ce siphonage, je le nomme pour le moment : la mort mémorielle.
La mémoire collective est un sujet qui m’est cher. Elle constitue un objet politique, créatrice de commun, constitutive de notre futur. Malgré tout, cette mémoire ne suffit pas. Une altération extérieure semble parfois anéantir le souvenir de ce qui fut, nous guidant au présent dans une reproduction parfois dangereuse.
Et si Al(l) était le prétexte pour parler de nous au travers de cette pathologie ?
Parler d’une génération des années 80 aux prises avec un passé très présent dans les corps de nos ancêtres et un futur qui semble parfois incontrôlable, inéluctable, comme atteint d’un trouble incurable et encore incompris.
Dans Al(l), nous travaillerons à la reconstitution d’un passé intime et collectif pour en révéler la violence, l’amour, les déchirements, les victoires, la naïveté ou encore les peurs. De cette mort mémorielle, de cet inéluctable siphonage nous profiterons ; pour reconstruire un futur, ancré dans nos souvenirs et, je l’espère, un avenir malgré l’annonce d’un mal incurable.
Rémi Boissy